Jacques marchait avec Véro sur le sentier du littoral. Ils parlaient des dernières nouvelles de la planète. A vrai dire, Jacques était un peu déconnecté de l’actualité, depuis quelques années. D’une part, les études lui laissaient peu de temps pour s’attarder sur les informations. D’autre part, cela ne l’avait jamais vraiment intéressé. Toutes ces catastrophes, tous ces problèmes contre lesquels il ne pouvait rien…
Mais Véro, elle, suivait les actualités, et avait son avis dans bien des domaines. Elle était, entre autres, outrée par les politiques de diminution des dépenses, qui sacrifiaient le service public au mépris des usagers ; choquée par la répression sanglante des émeutes en Afrique, et l’inaction de l’ONU ; révoltée contre le monde financier, qui spéculait et s’enrichissait en toute impunité…
En réalité, si Jacques n’aimait pas suivre l’actualité, c’était aussi parce qu’il n’y comprenait pas grand-chose. Ce n’était pas rationnel. On y voyait des irresponsables jouer avec des vies humaines, dans un univers qui paraissait si loin de la réalité…
Au milieu de leur discussion, Véro s’était avancée en dehors du sentier du littoral, au bord de la falaise, pour prendre quelques photos. En l’observant, Jacques eut l’impression qu’il y avait – à nouveau – quelque chose d’anormal. Il connaissait le chemin, se situait parfaitement, mais ne se souvenait pas que le sentier était si loin du bord la falaise. Qui plus est, l’étendue entre le chemin et la falaise était en terre nue, sans végétation, comme partout autour… Il se promit d’aller vérifier sur des photos satellites.