Jacques gardait le galet dans sa main. Pour un peu, il aurait pensé qu’il avait rêvé cette rencontre. Cette pierre était le seul objet qui lui rappelait la réalité de l’évènement.
Il se sentait un peu comme un enfant, qui doit garder un secret. Le plaisir, la fierté, d’en savoir plus que les autres, de faire partie des « élus » ; la frustration de ne rien pouvoir dire. Car il était évident qu’il devait se taire, autant pour la tranquillité de la sirène que pour la sienne.
Jacques avait aussi l’impression d’être dans une des histoires qu’il lisait enfant. La « dette », le « galet magique », c’était si romanesque, si invraisemblable..? Non, vraiment, il avait du mal à y croire.
Il passa au marché. C’était un habitué, maintenant. Il n’avait même plus besoin de demander ce qu »il voulait : comme c’était toujours la même chose, on le lui préparait immédiatement.
Au fond, Jacques se rendit compte qu’il était plus serein. Bien qu’elle n’ait répondu à aucune de ses interrogations, la rencontre avec la sirène l’avait apaisé. Au moins, il n’était pas seul à n’y rien comprendre. Mais elle avait raison : la vie continuait – c’était l’important.
En y repensant, il s’aperçut d’une chose : il ne connaissait même pas le nom de la sirène.