Isabelle et Juliette marchaient le long du bord de mer. De temps à autre, elles échangeaient quelques mots. Juliette cherchait une idée de travail qui conviendrait à son amie.
Elle fut tirée de ses réflexions par son amie, qui montrait un attroupement sur la plage. Elles descendirent voir. La foule cachait l’objet de l’attention, mais elles parvinrent à se frayer un chemin jusqu’au premier rang. Elles rejoignirent l’étonnement général à la vue des sirènes échouées sur le sable.
Des rumeurs couraient, farfelues, confuses. Isabelle réussit à en comprendre quelques-unes. On parlait de manipulations génétiques secrètes, qui avaient engendré ces monstres ; de théorie du complot ; d’extraterrestres… Un vieux pêcheur, une bouteille de rhum à la main, s’écriait : « J’avais raison ! Elles existent ! Je l’ai toujours dit ! », en titubant. Il y avait même deux illuminés qui se querellaient : l’un y voyait des êtres issus d’une civilisation plus avancée, à traiter comme des divinités ; l’autre les qualifiait de « créatures du diable, punies par Dieu de vivre dans le pêché ».
Au milieu de cette joyeuse pagaille, soudain, un homme s’avança et tenta de remettre à l’eau un des sirènes. Devant l’incompréhension et l’immobilité générales, il cria « Elle est vivante ! aidez-moi ! ». Aussitôt, Juliette réagit. D’autres personnes les rejoignirent, et en quelques minutes, ils avaient réussi à la porter jusqu’à une eau assez profonde pour qu’elle puisse nager. Alors, devant l’étonnement grandissant de la foule, la sirène tressaillit, donna quelques violents coups de queue, et disparut dans l’eau.