#10

Perdu dans ses pensées, il n’avait pas remarqué que ses pas l’avaient mené jusqu’à l’embarcadère. Il décida de prendre la navette. En cette saison, il serait probablement seul sur l’île.

C’était un petit bout de terre, qu’un magnat de la papeterie avait un jour acquis, et entièrement aménagé. Jacques en avait si souvent fait le tour qu’il en connaissait chaque recoin, chaque rocher. Il aimait le charme désuet du lieu ; l’opposition entre le flanc sud presque sauvage, battu par les vents, et le calme du petit port ; le contraste entre la pierre blanche et lisse des statues de nymphes, et la roche grise et orange de l’île. Jacques préférait les jours de vents, comme celui-ci. Alors, dans la douceur surannée du petit jardin perché au sommet de l’île, derrière l’hôtel abandonné, il allait contempler la mer. Son regard se perdait dans ses reflets, toujours changeants, et son étendue infinie, que seul venaient troubler le sillage d’un bateau, ou le vol d’un goéland. Et le vent l’assourdissait, l’enivrait, et emportait au loin toutes les pensées qui agitaient son esprit.

Posté dans 2011 - Sans titre | Commenter

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