– Salut ! dit Isabelle
– Bonjour ! répondit Jacques
Isabelle se redressa
– On se promène ?
– Oui… Je rentrais, quand j’ai vu la mer gelée… Bizarre, non ?
– C’est joli… et ça rafraîchit. Assied-toi, tu verras.
Jacques s’exécuta. Isabelle aperçut la revue : un magazine de sciences.
– C’est intéressant ? demanda-t-elle en désignant la revue.
– Oh, ça ? Ça dépend…
– Il parle de quoi ?
– Celui-là ? D’univers parallèles. Y’a des chercheurs qui pensent qu’à chaque fois que plusieurs possibilités se présentent, plusieurs univers se créent : un pour chaque choix possible. Des fois, les physiciens, ils exagèrent…
– Pourquoi ? C’est très intéressant, comme idée… dans un autre monde, alors, Ève n’a pas mangé la pomme ?
– Oui, voilà, c’est un peu ça… encore faudrait-il qu’elle ait existé.
– C’est presque rassurant, en fait, comme théorie. Quand on a fait un mauvais choix, on peut toujours se dire que dans un autre univers, on a fait le bon !
– Si on veut… mais c’est pas ça qui résoudra nos problèmes.
Elle souriait, amusée. Jacques aussi.
– Et s’il nous arrive quelque chose, c’est juste qu’on est dans le mauvais univers, continua Isabelle sur sa lancée. Après tout, par rapport aux phénomènes étranges de ces derniers temps, il y a peut-être un monde où rien ne s’est passé…
– … et un monde où il s’est passé plus de choses, ou différemment… A ce compte-là, oui, pourquoi pas… Mais je n’y crois pas trop. Ce n’est plus de la physique, c’est de la métaphysique !
Peut-être, oui… mais si la science se mettait à avoir plus d’imagination que les écrivains… le monde serait plus beau, pensa Isabelle.