Isabelle était sortie, et avait laissé Juliette dormir, pour qu’elle se repose. Elle n’avait pas encore bien assimilé tout ce qu’il s’était passé. Elle était très heureuse que son amie n’ait rien. Et très excitée à l’idée d’un dîner avec une sirène.
Tout cela paraissait sorti d’un conte de fées, ou d’une histoire que les enfants s’inventent en jouant. Le prince appelle la sirène pour sauver la princesse en danger. Et elle, au milieu, n’était qu’une simple figurante.
Il lui vint une idée saugrenue. Et si… et si tout cela avait été écrit ? Et si tout cela sortait, en effet, de contes ? La fiction se mêlerait à la réalité, transformant un monde trop banal ?
Elle arrivait à la plage. Elle vit d’abord la fourmilière, qui avait pris des dimensions pharaoniques. Puis, elle vit la mer. Toute l’anse était recouverte d’une épaisse couche de glace. Alors qu’il n’avait jamais fait aussi chaud. Des enfants s’amusaient à faire des glissades.
Non, son idée était absurde. Tous ces phénomènes étaient bien trop étranges pour être décrits dans des livres.
Elle alla quand même jusqu’au bord de la glace, et se baigna. L’eau était aussi chaude qu’avant, mais c’était rafraîchissant. Elle s’étendit ensuite sur la glace : elle était froide, mais ne brûlait pas. A ras de terre, elle pouvait voir la glace fumer. C’était joli.
Elle aperçut Jacques, qui s’était assis sur le bord d’un ponton saisi par le gel, une revue à la main. Elle lui fit signe, et il s’approcha.