Pierre se réveilla sur une plage de sable blanc. Les vagues lui léchaient les pieds. C’était une nuit de pleine lune, et tout était calme autour de lui. Il distinguait les arbres du bord de la plage, et le contour d’une montagne, au loin. Probablement un volcan.
Il était fatigué, et las de sa journée de bain de foule. Être seul, au calme, ne lui déplaisait donc pas. Son regard se perdit sur les vagues, qui se déroulaient devant lui. C’était reposant.
La lune traçait un chemin mouvant de lumière, qui se perdait à l’horizon. Des myriades de miroirs scintillaient dans la nuit. A bien regarder les vagues venir mourir sur le rivage, Pierre put suivre l’évolution des morceaux de reflets. Tandis que la vague avançait et grossissait, les fragments de lumière semblaient s’élever vers le ciel. Et leur mouvement ressemblait à celui des flammes. Un feu de lumière pure, en reflets de lune. C’était fascinant.
Pierre entendit alors des battements d’ailes derrière lui.
– Salut ! lança Magda.
– Salut ! reprit Lena.
Surpris, Pierre se retourna.
– Hey ! Salut ! Toutes les deux, ici…
C’était la première fois qu’il les voyait réunies. Dans le clair de lune, elles se ressemblait beaucoup. A part la couleur de cheveux – forcément.
– Eh oui, enfin !
– On était à la fête de la chute du régime, mais bon… nous, on a eu notre dose, expliqua Lena.
– Oui, moi aussi ! s’exclama Pierre.
Il s’avança, et embrassa Lena.
– Pour fêter la fin des ennuis, Magda a voulu venir dans un lieu qu’on aime beaucoup. Viens, on t’emmène, tu verras.
Elles remontèrent sur leur griffon, et Pierre s’installa derrière Lena. Ils décollèrent, et se dirigèrent vers le sommet de la montagne, qui était en réalité sur une île voisine.
Une falaise tombait en a-pic dans la mer, à l’endroit où il se posèrent. Une petite plateforme s’avançait au-dessus du vide, à cet endroit. Un vent très fort soufflait.
– Tu sais, je t’ai parlé des endroits « spéciaux » où il est possible de faire des choses interdites par la physique conventionnelle…
Magda devait crier pour se faire entendre.
– Eh bien, en voici un, compléta Lena, juste avant de sauter dans le vide.