L’été fut chaud. Très chaud. Comme tous les étés. Mais pour Pierre, les choses se stabilisèrent.
Côté travail, il avait finalement décidé d’attendre un peu pour la thèse. Il avait accepté la proposition du laboratoire de Lena. Ils l’avaient affecté aux analyses de qualité de l’eau. C’était assez rébarbatif, mais pas trop mal payé.
Côté cœur, sa relation avec Lena se fit plus claire et « officielle » : ils changèrent de statut websocial. Ils conservèrent leurs appartements respectifs, mais passaient toutes les nuits ensemble. Lena continuait ses cauchemars, et même en sachant que Magda était hors de danger, elle avait du mal à résister au spectacle de la torture. Pierre était le seul à pouvoir la réconforter – et cela consolidait leur idylle.
Côté rêve, Magda était devenue blonde. Elle continuait à attendre qu’on ait besoin d’elle, à l’abri dans le sanctuaire de la racine : Lena refusait qu’on la secoure, et cela aurait nui à la révolte. Magda s’était faite une grande culture littéraire, grâce aux livres que Pierre trouvait tant bien que mal dans une des rares bibliothèques qui subsistaient. Elle avait lu les grands classiques – Zola, Shakespeare, Lévy, Proust… -, mais aussi des auteurs contemporains – Villina, De Connes, Dourbax… Elle s’était aussi mise au dessin et à la peinture, pour changer un peu. Pierre sentait bien que, malgré tout, elle manquait profondément de lien social, mais il ne pouvait pas faire grand-chose de plus.
Côté révolte, les choses avançaient lentement. Pierre accompagnait toujours Lena, et prenait maintenant un peu part à l’action. Des agitateurs du camps adverse venaient parfois troubler leurs journées, mais cela restait rare. Grâce aux cauchemars de Lena, on avait pu infiltrer les arcanes du pouvoir, et localiser quelques-uns des membres de l’oligarchie. Mais il était encore trop tôt pour les renverser.