– Pierre ! Pierre !
Lena était totalement paniquée.
– Ça a recommencé. Magda… ils la…
– Mais non, mais non… ce n’était qu’un sosie, comme hier. J’en suis sûr. Rassure-toi.
Pierre la prit par les épaules, pour la rassurer. Elle se calma un peu.
– Je vais prendre mon téléphone, reste là, lui dit-il.
Il se leva du lit – Lena avait insisté pour qu’il dorme à côté d’elle -, attrapa son portable, et se rassit sur le lit.
– Tiens, j’ai même un message pour toi.
Ils écoutèrent ensemble le stratagème de Magda. Il s’agissait de mettre à profit les cauchemars de Lena, dont les « acteurs » étaient forcément à la botte du pouvoir, pour identifier et localiser les sbires. A partir de là, il serait éventuellement possible de remonter jusqu’à l’oligarchie. Mais avant tout, il fallait que Lena se rassure : Magda était vraiment en sécurité.
– Je sais bien, mais une fois dans le cauchemar… c’est si réel !
– Hum… il faudrait que tu distingue clairement le sosie de l’original, je pense, ça t’aiderait…
Lena réfléchit un moment.
– On pourrait peut-être couper les cheveux de ma sœur. Ou, mieux, les teindre.
– Oui, bonne idée. Je note pour la nuit prochaine.
Pierre se rallongea dans le lit. Léna était toujours contre son épaule. Elle allait mieux, mais restait encore sous le choc.
– C’est vraiment… insupportable, ce qu’on me montre, dans ces rêves.
A cette pensée, elle se serra un peu plus contre Pierre. Il la prit entre ses bras, colla ses lèvres contre son front.
– Ça va aller, je suis là… je suis là…
Elle lui baisa le creux du cou, sans vraiment y penser. Puis remonta, doucement. Leurs lèvres se touchèrent. Se collèrent.
Le matin trouva les deux amoureux enlacés et nus, après une nuit où les cauchemars avaient laissé la place à des choses plus douces. Consciencieux, il fit sonner le réveil, pour tirer Pierre du sommeil, mais prit bien garde à ne pas réveiller Lena, qui dormait paisiblement.
Pierre partit sans faire de bruit, et attrapa de justesse le bus qui le menait au lycée. Il repensa à la nuit qu’il venait de passer, l’esprit encore embué de sommeil. Il était vraiment trop timide, parfois ; il se posait trop de questions. Il le savait bien. Mais c’était sa nature…