#46

Quatre heures du matin. Pierre avait été par son portable qui sonnait. C’était un message de Lena : « Viens dès que tu peux ».

Alarmé par ces mots, il décida d’y aller immédiatement. Il but un verre de jus de fruits amélioré, pour rester éveillé, et partit en vitesse.

Pour aller plus vite – Lena habitait à plus d’une heure de marche -, Pierre prit son vélo. Il ne l’utilisait jamais, mais il en possédait un, qui restait dans l’abri de la petite cour. Peu de gens faisaient encore, maintenant : l’Héliopter, le Scootlex ou le Skidop l’avaient supplanté.

La veille, après que Lena s’était endormie, Pierre était rentré. Il s’était assuré qu’elle allait bien, puis s’était dit qu’il ne pouvait décemment pas rester là, chez elle, à attendre son réveil. Qui plus est, il craignait qu’elle dorme longtemps…

A cette heure-ci, c’était encore la nuit. La plupart des rues étaient vraiment désertes, et la ville offrait un visage très différent de la journée. Elle semblait par endroit totalement abandonnée aux chats et animaux errants. Quelques fêtards en milieu de soirée, ce furent les seuls humains qu’il croisa.

Il arriva chez Lena en une demi-heure. Il sonna, en espérant qu’elle ne se soit pas rendormie. La porte s’ouvrit, il monta au deuxième étage en courant. Elle l’attendait sur le palier de son appartement, l’air très affectée. Elle le serra dans ses bras.

– J’ai fait un cauchemar.

Il la fit rentrer, et s’asseoir sur son lit. Elle avait les yeux rouges, et les joues humides.

– Ils… ils torturaient ma sœur. Ils ont compris mon rôle dans tout ça, et maintenant, ils sévissent.

Les paroles de Lena étaient entrecoupées de soupirs et de reniflements. Pierre ne savait quoi répondre. Il eut alors l’idée de regarder dans son téléphone, s’il y avait une trace de Magda dans son dernier rêve.

Par chance, il avait enregistré toute la conversation de la nuit. Il la fit écouter à Lena.

– Tu vois, ta sœur est hors de danger, loin de tout ce qui pourrait la menacer. Celle que tu as vu dans ton rêve, ce devait être un sosie, ou bien une illusion.

– Merci… tu me rassures… Mais c’était tellement réel, tellement horrible…

– Allonge-toi, repose-toi. Tu veux boire quelque chose ?

– Un verre d’eau. Dans le placard, au-dessus de l’évier.

Il lui en amena un. Elle avait l’air d’aller un peu mieux.

– Reste là, je t’en prie… J’ai peur… J’ai peur que ça recommence, si tu t’en vas.

– Mais non, je suis là. Tu peux dormir tranquille.

Elle sourit, se rallongea, et ferma les yeux. Elle avait l’air si faible, très différente de la femme sûr d’elle qu’il avait vu agir quelques jours plus tôt. Elle ressemblait à un enfant, dans la même situation.

Il s’assit sur un fauteuil, et s’endormit à son tour.

Posté dans 2012 - Révolutions | Commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *