Une chambre d’hôtel. C’est ce que Pierre reconnut immédiatement en ouvrant les yeux. Il était seul dans la pièce. Pas de trace de ses affaires. Il était habillé, au fond du lit. Il en conclut qu’il était très probablement dans un rêve.
Il sortit du lit et fit le tour de la chambre, sans allumer la lumière. Les fenêtres donnaient sur une autoroute très fréquentée. Les bruit des voitures à essence était la seule chose qu’il entendait. De sa chambre, au 5e ou 6e étage, il distinguait une étrange forme rouge et brillante, seule en bord de voie, éclairée par intermittence par les phares. Au bout d’un moment, Pierre y reconnut une pomme, géante, qui lui faisait un clin d’œil. Terrifiant de mauvais goût.
Il continua son inspection des lieux par la salle de bain. Il n’y avait qu’une douche et un lavabo. Aucune serviette, ni savon, n’était visible. Une petite lucarne donnait sur un cimetière. Réjouissant.
Il sortit de la salle de bain. C’était une chambre assez luxueuse, en réalité. Il n’y avait que la vue qui manquait de charme.
Pierre attendit un peu, assis sur le lit, mais il ne se passa absolument rien. Il se résolut donc à sortir de sa chambre.
Il n’y avait personne dans le couloir. Il marcha sans bruit sur la moquette rouge, écouta à quelques portes. Il entendit des murmures, des cris étouffés ou des claquements de portes. Ce devait être les rêves d’autres personnes.
Il se dirigea vers l’ascenseur, qu’il appela. Au moment où celui-ci arriva, il entendit une porte claquer violemment derrière lui, et un homme en sortit, furieux.
– Hé; vous, là, qu’esqu’vous avez à me regarder comme ça ?
Pierre sentit qu’il était en danger. Il se souvint du message de Magda : il voyait un humain, c’était donc un rêveur. Qui était apparemment éméché. La seule issue qu’il voyait, c’était de participer à son rêve.
– Rien, Monsieur. A quel étage voulez-vous aller ?
– Rez-de-chaussée. Et me dévisage pas comme ça. C’est quoi cette tenue ?
Quitte à dire n’importe quoi, autant aller jusqu’au bout.
– Le nouvel uniforme, Monsieur. C’est la consigne, Monsieur.
L’homme eut l’air de se calmer un peu pendant la descente. Il sortit violemment de la cabine. Pierre resta immobile, paralysé par la peur. Il bredouilla un « Bonne soirée, Monsieur » et attendit qu’il sorte de l’hôtel pour respirer. Entretemps, la porte de l’ascenseur s’était refermée, et il était parti vers un étage inconnu.