#26

Pierre était allongé au milieu du néant. L’éclairage était uniforme, et il reposait sur un sol lisse et dur, ni chaud, ni froid. Autour de lui, aussi loin qu’il puisse voir, tout était d’un noir uni. On ne distinguait ni paroi, ni horizon.

– Houhou, Y’a quelqu’un ?

Il cria dans le vide profond, et il finit même par se demander s’il avait vraiment fait vibrer l’air.

– Pierre ? Pierre, que se passe-t-il ? On ne parvient pas correctement à te joindre !

Pierre sursauta. La voix venait d’un point précis dans le vide, juste à côté de lui. Il recula, apeuré.

– Je ne sais pas. Je suis au milieu du néant, et le néant me parle. Je dois être devenu fou…

Un silence. Total. Puis, un autre voix se fit entendre.

– Avez-vous, par hasard, un dispositif sensorimnésique aujourd’hui ?

– Je ne sais pas ce que c’est. Je suis allé à un concert de musique augmentée, ce soir, et…

– Hum, c’est bien ce que je pensais. Ces dispositifs créent des sensations fictives en créant un « souvenir du futur », que le cerveau « revit » quand arrive la date du souvenir. Et la technique de contrôle des ondes cérébrales utilisée parasite la réception des rêves…

– Pardon ?

– En résumé, vous n’aurez que le son, pas l’image, et le reste, pour le rêve de cette nuit.

– Pierre, as-tu pris ton téléphone, comme je te l’avais demandé ?

C’était la première voix qui avait parlé. Il se souvint du mot dans sa poche, ce devait donc être la voix de « Magda ».

– Euh, oui… Mais il n’a plus de batterie…

– Mince. C’est embêtant. Ça va encore nous faire perdre un temps précieux… Est-ce qu’il peut encore enregistrer un court message ?

– Je pense, oui. Mais très court.

– Bon, lance l’enregistrement, et fais-moi signe quand c’est prêt. Enfin, dis-le, quoi.

Pierre tapota l’écran.

– C’est bon !

– Bonjour Pierre, ici Magda. Avant toute chose : ne va pas dans la zone topolonique avant la nuit prochaine, et met ton portable – chargé, cette fois – dans la poche de ta veste demain soir. Ensuite, je dois…

– Trop tard. Il s’est éteint…

– Mince. Enfin, j’ai pu dire l’essentiel. Bon, ça ne sert à rien de continuer, puisque tu auras oublié. Si tu veux en finir avec ce rêve, tu peux te pincer.

Posté dans 2012 - Révolutions | Commenter

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