#24

Ce matin-là, Pierre avait très envie de retourner dans la zone. Il avait tout préparé la veille, car ce jour-là, le créneau horaire était assez tôt, entre 10 et 13 heures. Et le passage le plus près était assez éloigné de son appartement.

La tramway était calme, à cette heure-ci. Tout le monde était déjà au travail, il n’y avait plus grand monde. Une vieille dame allait visiblement faire son marché; un jeune était sur le départ pour un voyage; et quelques touristes visitaient la ville.

Après deux changements de ligne et trois quarts d’heure de route, Pierre arriva à destination. C’était le plus grand marché de la ville. Tous les jours, des tonnes de carottes, d’esturgeons et de culottes s’échangeaient ici. C’était un des rares lieux qui semblaient figé dans le passé – rien n’était aux normes modernes.

A l’aide de sa carte et de son téléphone, Pierre parvint à trouver ce qui devait être l’entrée du passage. Elle se trouvait dans une rue déserte, en marge du grand marché. La ruelle était sale, et les bâtiments semblaient encore plus anciens que les stands du marché, avec leurs cheminées en cuivre qui crachaient une vapeur blanche.

La porte du passage était étonnamment propre, au milieu de cette crasse. Elle était en métal, cette fois. Du même vert que le premier passage. Mais un cadenas la maintenait fermée. Pierre mit la main dans sa poche, pour ressortir les papiers, en quête d’un indice. En retirant sa main, il fit tomber une feuille pliée en quatre, qu’il n’avait jamais vue.

« Des choses importantes se passent pendant ton sommeil, dont tu ne te souviens malheureusement pas. Cette nuit, pense à mettre ton téléphone portable dans la poche de ta veste, avant de t’endormir. C’est très important. Et surtout, d’ici-là, ne pénètre pas dans la zone topolonique. Demain, tu comprendras. »

C’était signé « Magda ». Pierre ne comprenait pas plus la présence de ce message dans sa poche que celle des autres papiers. Mais il supposait que la « zone topolonique » désignait ce qu’il appelait la « zone », puisqu’il y avait visiblement un lien entre la poche de sa veste et cet endroit mystérieux.

Il était partagé. Il était déjà parti depuis une heure et demie, c’était bête d’abandonner à ce point-là. D’un autre côté, il n’avait aucune idée du code du cadenas.

Il chercha encore vingt bonnes minutes, essaya des dizaines de codes, mais il ne parvint pas à ouvrir la porte. Aucun des papier ne contenait de nombre à trois chiffres, et il n’y avait pas d’indice dans les alentours.

Il se promena encore un peu dans le marché, prit quelques photos, et puis rentra.

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