#22

La cour du lycée était déserte. De temps en temps, un rayon de soleil perçait à travers les nuages.

– C’est triste, un lycée vide…

– Oui, un peu…

Pierre et Lena étaient accoudés à une rambarde, dans une coursive du deuxième étage.

– D’un autre côté, il faut bien que les vieux murs se reposent à un moment ou à un autre, continua Pierre. Des siècles à accueillir chaque année des centaines d’élèves pas toujours très sages, ça use. Ils ont dû en voir, des histoires ! C’est l’accalmie, avant la tempête, maintenant. Dans deux mois, ils reviendront, comme tout les ans. Il y aura les anciens, qui retrouveront avec plus ou moins d’enthousiasme les lieux; et les nouveaux, qui devront se faire une place. Et tout le monde jouera son futur sur sa chaise d’écolier…

– Oui… et comme tous les ans, avant la rentrée, il y aura une veille de rentrée, où le lycée retiendra son souffle, en espérant que tout se passe bien le lendemain. Une journée un peu spéciale, toute entière dédiée à celle qui suivra; où l’on ne prendra pas le temps de goûter aux dernières heures de calme, à peine troublées par le bruit des pas d’un surveillant. Une journée oubliée, sacrifiée – la même depuis des siècles, qui se répète.

– Oui… aussi.

Lena avança dans la coursive, puis pénétra dans un des bâtiments.

– J’aime bien me perdre dans un vieil immeuble. Quand on ne connaît pas l’endroit, qu’on évalue mal les distances, et qu’on ne visualise plus très bien l’endroit où l’on est, tout prend une tournure plus mystérieuse. On est alors seul avec les murs qui nous entourent, qui nous enferment. Chaque porte peut nous emmener plus loin dans le labyrinthe, peut cacher un trésor insoupçonné – ou simplement nous ramener dans le monde connu, et rompre l’enchantement. C’est moins drôle, après, quand on s’est habitué aux lieux, et qu’on sait qu’il n’y a pas de passage secret derrière une porte verrouillée, mais juste un placard à balais.

– Oui, je vois ce que tu veux dire… Quand je suis arrivé, mon premier aperçu de cette cour, ç’avait été par cette fenêtre, en attendant mon tour au secrétariat. Puis j’étais passé en vitesse devant ce passage ouvert, et ce que j’avais entrevu me paraissait ouvrir vers des tas d’endroits inconnus. Il m’avait d’ailleurs fallu du temps pour retrouver ce passage, qui n’était qu’un lien vers une autre partie bien connue. Mais maintenant, je connais tout le lycée par cœur.

– C’est dommage…

Posté dans 2012 - Révolutions | Commenter

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