#20

Pierre ouvrit les yeux. Il était étendu, à plat ventre, dans un couloir sombre et désert. Il se releva, et regarda autour de lui. Le couloir était propre, mais la lumière clignotante et froide des néons qui grésillaient rendait l’endroit glauque. Il essaya d’ouvrir une porte, mais elles étaient toutes fermées.

Soudain, un des néons se mit à faire des étincelles, qui atterrirent dans une corbeille à papier. En très peu de temps, tout le couloir était en feu.

Courir. C’était la seule issue qui se présentait à Pierre. Pour échapper à ce mur de feu qui avançait à grande vitesse, en léchant les parois.

Il n’avait plus fait de sport depuis bien trop longtemps. Il avait les poumons en feu, même s’il n’avait respiré aucune fumée toxique. Tout son corps lui envoyait des signaux de détresse, et pourtant, il continuait. Mû par une force insoupçonnée.

Le couloir était très long, mais il avait bien une fin – contrairement à la première impression qu’en avait eu Pierre. Et après, il n’y avait rien.

Ou plutôt, si, quelques mètres en contrebas, une grande prairie ondulait à perte de vue à la lumière de la lune. Coincé entre le feu et le vide, Pierre n’avait pas beaucoup de choix. Il prit une grande inspiration, et plongea.

Il plongea, oui. C’était le terme le plus approprié, puisque la terre sembla s’ouvrir sous son poids, puis le ramena à la surface.

Il paniqua un peu, avant de comprendre qu’il était dans une mer d’herbe. Ses mouvements devinrent plus contrôlés, à mesure qu’il se calmait et retrouvait les gestes de la nage.

Il se retourna, pour voir le bâtiment entier prendre feu. Ce n’était qu’un décor, en fait, qui reposait sur des piliers en acier. Il n’y avait rien, derrière les portes. Seul existait le couloir.

Un morceau en feu se détacha alors. Il s’enfonça dans la terre de la même manière que Pierre. Mais là où l’eau aurait éteint le feu, l’herbe s’embrasa. Et Pierre se mit à nager du mieux qu’il pouvait pour échapper à l’incendie.

Au moment où le feu allait le rattraper, il sentit deux grandes serres d’aigle l’arracher de la surface de l’herbe. Il aperçut une femme montée sur un grand griffon, avant de perdre connaissance.

Posté dans 2012 - Révolutions | Commenter

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