#4

Pierre se dirigea vers l’Ouest. Depuis deux ans qu’il habitait le quartier, il n’avait encore jamais visité cette partie de la ville.

Ce qu’il vit offrait, de prime abord, peu d’intérêt : c’était une zone d’immeubles purement résidentiels. Mais les édifices dataient de différentes époques, formant une collection bigarrée et hétéroclite d’architectures et de couleurs qui avait un certain charme. Le béton faisait face au verre et à l’acier, et regardait d’un air mauvais les matériaux composites des derniers bâtiments ; les lignes épurées d’une façade se terminaient en fioritures baroques sur une autre. Chacun était le reflet d’une époque, et ce qui avait un temps paru au summum de la modernité apparaissait désormais vieux et désuet.

Un peu plus loin, Pierre retrouva la « vraie » ville, celle des bistrots, des bus et du métro. Par cette journée douce et ensoleillée, les terrasses des restaurants étaient noires de monde. Les gens parlaient de la pluie, du beau temps, des cours de la Bourse ou des résultats sportifs. Quelques amoureux s’embrassaient, d’autres se séparaient, d’autres encore attendaient longtemps quelqu’un qui ne viendrait sans doute jamais. Tout cela respirait la vie, une vie qui avait trouvé et trouverait toujours de nouvelles forces pour résister au temps.

Un peu plus loin, Pierre passa devant une ruelle étroite, percée presque par erreur entre deux grands immeubles identiques. Un porche délabré, qui portait les stigmates d’une ancienne porte, marquait l’entrée du passage.

C’était tout-à-fait le genre de rue que Pierre aimait chercher et emprunter. Un passage sans âge, qui aurait eu sa place à toutes les époques. Il prit une photo, et passa sous le porche.

Posté dans 2012 - Révolutions | Commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *