#3

Le réveil fut difficile. Pierre se leva, ouvrit les volets, et mit du temps à s’adapter à la lumière du jour. La fenêtre de son minuscule appartement donnait sur le mur sans fenêtre d’une cour intérieur. Pierre avait toujours trouvé ce mur absurde : orienté plein sud, il était inondé de soleil, même en hiver – et personne n’en profitait. La paroi traversait les années en se craquelant lentement, comme une page blanche dont personne n’aurait trouvé l’usage.

Pierre pensa à ce qu’il lui restait à faire. Il y avait ce mémoire à rendre dans une semaine, pour ces études, qu’il n’avait toujours pas commencé ; il y avait son ami qui déménageait, et qu’il avait promis d’aider ; il y avait ce concert pour lequel il avait deux places.

Deux places ? C’était étrange, il préférait d’habitude écouter la musique seul. Il ne se souvenait pas de la raison pour laquelle il avait pris deux places.

Pour le moment, il ne se sentait d’humeur à rien. Il se força à avaler un bol de céréales et deux tartines, et sortit marcher. C’était ainsi qu’il passait ses moments de vide : il aimait se promener dans la ville, à l’affut de passages cachés ou d’éléments insolites.

Posté dans 2012 - Révolutions | Commenter

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